(…) Aux Vêpres de la Toussaint succedènt sans transition les Vêpres des morts.
LES VÊPRES DES MORTS.
JAMAIS éloquence ni science n’atteindront la hauteur d’enseignement, la puissance de supplication quirègnent en l’Office des défunts. Seule l’Epouse connaît à ce point les secrets de l’autre vie, le chemin du cœur de l’Epoux; seule la Mère peut prétendre au tact suprême qui lui permet, en allégeant à ceux qui l’ont quittée leur purification douloureuse, de consoler ainsi les orphelins, les isolés, laissés par eux en larmes sur la terre.
DILEXI: le premier chant du purgatoire est un chant d’amour; comme le dernier du ciel en cette fête du souvenir fut CREDIDI, le Psaume rappelant la loi et les épreuves passées des élus. Que parlions-nous de transition tout à l’heure? Lien commun de l’âme souffrante et de l’âme bienheureuse, la charité est à toutes deux leur dignité, leur inamissible trésor; mais tandis que la vision remplaçant la foi ne laisse plus dans l’une que jouissance à l’amour, ce même amour devient pour l’autre, en l’ombre où la retiennent ses fautes inexpiées, la source d’inénarrables tourments. Toutefois c’en est fait des angoisser d’ici-bas, des périls d’enfer; confirmée en grâce, l’âme ne pèche plus; elle n’a que reconnaissance pour la miséricorde qui l’a sauvée, pour la justice qui l’épure et la rend digne de Dieu. Tel est son état d’acquiescement absolu, d’attente abandonnée, que l’Eglise l’appelle «un sommeil de paix» (1).
ANT. PLACEBO Domino * in regione vivorum.
ANT. JE plairai au Seigneur en la terre des vivants.
PSAUME CXIV.
DILEXI, quoniam exaudiet Dominus * vocem orationis meæ.
Quia inclinavit aurem suam mihi: * et in diebus meis invocabo.
Circumdederunt me dolores mortis: * et pericula inferni invenerunt me.
Tribulationem et dolorem inveni: * et nomen Domini invocavi.
O Domine, libera animam meam: * misericors Dominus, et justus, et Deus noster miseretur.
Custodiens parvulos Dominus: * humiliatus sum, et liberavit me.
Convertere, anima mea, in requiem tuam: * quia Dominus benefecit tibi.
Quia eripuit animam meam de morte: * oculos meos a lacrimis, pedes meos a lapsu.
Placebo Domino * in regione vivorum.
J’AI aimé le Seigneur; il exaucera ma prière.
Déjà il m’a écouté; je l’invoquerai sans trêve.
La mort et ses douleurs m’environnaient; j’étais assailli par les périls d’enfer.
L’angoisse et la tribulation avaient fondu sur moi; j’invoquai le nom du Seigneur:
O Seigneur, délivrez mon âme!
Miséricordieux et juste est le Seigneur, bon est notre Dieu!
Le Seigneur garde les petits, je me suis humilié, il m’a délivré.
Sois donc à ton repos, mon âme; car le Seigneur a été bon pour toi.
Il a délivré mon âme de la mort, mes yeux des pleurs sans fin, mes pieds de la chute éternelle.
Je veux plaire au Seigneur en la terre des vivants.
Au lieu de la doxologie ordinaire, l’Eglise, à la fin de chaque Psaume, adresse à Dieu une prière instante pour les trépassés:
REQUIEM æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis.
DONNEZ-LEUR, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Placebo Domino * in regione vivorum.
ANT. Je plairai au Seigneur en la terre des vivants.
Plaire à Dieu sans nulles réserves un jour! Séparée du corps qui l’alourdissait, la distrayait par mille futiles soins (2), l’âme s’absorbe en cette aspiration unique, à la satisfaction de laquelle convergent toutes ses énergies, tous les tourments dont elle remercie le ciel d’aider sa faiblesse. Creuset béni où se consument les restes du péché, où si pleinement se solde toute dette! C’est de ses flammes secourables que, toute trace disparue des anciennes souillures, effacées toutes rides déparent sa beauté native, elle s’envolera vers l’Epoux, véritablement bienheureuse, sûre que les complaisances du Bien-Aimé n’auront à souffrir en elle d’aucunes restrictions.
Combien pourtant douloureusement son exil se prolonge! Si par la charité elle est en communion avec les habitants des cieux, le feu qui la châtie ne diffère pas matériellement de celui de l’abîme. Son séjour confine à celui des maudits; elle doit porter ce voisinage du Cédar infernal, des adversaires de toute paix, des démons odieux qui poursuivirent sa vie mortelle de leurs assauts et de leurs ruses, qui, au tribunal de Dieu, l’accusaient encore de leurs bouches trompeuses. «De la porte de l’enfer, arrachez-la», va bientôt supplier l’Eglise.
ANT. HEI mihi Domine, * quia incolatus meus prolongatus est.
ANT. HÉLAS! Seigneur, il que mon exil est long!
PSAUME CXIX.
AD Dominum cum tribularer clamavi: * et exaudivit me.
Domine, libera animam meam a labiis iniquis, * et a lingua dolosa.
Quid detur tibi, aut quid apponatur tibi * ad linguam dolosam?
Sagittæ potentis acutæ, * cum carbonibus desolatoriis.
Heu mihi, quia incolatus meus prolongatus est: habitavi cum habitantibus Cedar: * multum incola fuit anima mea.
Cum his, qui oderunt pacem, eram pacificus: * cum loquebar illis, impugnabant me gratis.
Requiem æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis.
DANS ma tribulation, j’ai crié vers le Seigneur, et il m’a exaucé.
Délivrez-moi, Seigneur, des lèvres méchantes et de la langue trompeuse.
Quel sera ton salaire? que te reviendra-t-il, langue de mensonge?
Tu es semblable à la flèche aiguë lancée par un bras puissant, aux charbons qui désolent par l’incendie.
Hélas! que mon exil est long! je suis au milieu des habitants de Cédar; que l’exil de mon âme dure longtemps!
Je suis demeuré pacifique avec les ennemis de la paix, qui de mes paroles prenaient l’occasion d’injustes accusations.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Hei mihi Domine, * quia incolatus meus prolongatus est.
ANT. Hélas! Seigneur, que mon exil est long!
L’âme cependant ne défaille pas; levant ses yeux vers les montagnes, elle sait qu’elle peut compter sur le Seigneur, qu’elle n’est abandonnée ni du ciel qui l’attend, ni de l’Eglise dont elle est fille. Si près qu’il soit situé de la région des pleurs éternels, le purgatoire, où s’embrassent la justice et la paix (3), n’est point inaccessible aux Anges. Aux divines communications dont ces augustes messagers lui apportent le réconfort, se joint l’écho de la prière des bienheureux, des suffrages de la terre. L’âme est surabondamment assurée que le seul mal digne de ce nom, que le péché ne saurait l’atteindre.
ANT. DOMINUS custodit te * ab omni malo: custodiat animam tuam Dominus.
ANT. LE Seigneur vous garde de tout mal; que le Seigneur garde en tout votre âme.
PSAUME CXX.
LEVAVI oculos meos in montes, * unde veniet auxilium mihi.
Auxilium meum a Domino, * qui fecit cœlum et terram.
Non det in commotionem pedem tuum: * neque dormitet qui custodit te.
Ecce, non dormitabit neque dormiet, * qui custodit Israël.
Dominus custodit te, Dominus protectio tua, * super manum dexteram tuam.
Per diem sol non uret te: * neque luna per noctem.
Dominus custodit te ab omni malo: * custodiat animam tuam Dominus.
Dominus custodiat introitum tuum, et exitum tuum: * ex hoc nunc, et usque in sæculum.
Requiem æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis.
J’AI levé mes yeux vers les montagnes d’où viendra le secours.
Mon secours me vient du Seigneur, qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il ne laisse point vaciller vos pas, qu’il ne s’endorme pas celui qui vous garde.
Non; il ne s’endormira ni ne s’assoupira celui qui garde Israël.
C’est lui, le Seigneur, qui vous garde; c’est lui, le Seigneur, qui est votre protection; il se tient à votre droite.
Ni le soleil ne vous nuira durant le jour, ni la lune dans la nuit.
Le Seigneur vous garde de tout mal; que le Seigneur garde en tout votre âme.
Que le Seigneur garde votre entrée, qu’il garde votre sortie, et maintenant, et toujours.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Dominus custodit te * ab omni malo: custodiat animam tuam Dominus.
ANT. Le Seigneur vous garde de tout mal; que le Seigneur garde en tout votre âme.
L’usage du peuple chrétien consacre plus spécialement le Psaume cxxix à la prière pour les morts; cri de détresse, mais aussi d’espérance.
Le dénuement des âmes au séjour d’expiation est bien fait pour toucher nos cœurs. Sans être au ciel, en cessant d’appartenir à la terre, elles ont perdu les privilèges qui, de par Dieu, compensent pour nous le danger du voyage en ce monde de l’épreuve. Si parfaits que soient tous leurs actes d’amour, d’espérance, de foi résignée, elles ne méritent plus ; acceptées comme elles le sont, leurs inexprimables souffrances nous vaudraient à nous la récompense de milliers de martyrs: il n’en doit rien rester dans l’éternité à l’actif de ces âmes, rien que le fait d’un règlement de compte apuré autrefois par sentence du juge.
Pas plus que mériter, elles ne peuvent satisfaire comme nous à la justice par équivalences acceptées de Dieu Plus radicale que celle du paralytique de Bethsaïda (4) est leur impuissance à s’aider elles-mêmes; la piscine du salut est restée sur terre, avec l’auguste Sacrifice, les Sacrements, l’usage des clefs toutes-puissantes confiées à l’Eglise.
Or cependant l’Eglise, qui n’a plus sur elles de juridiction, conserve à leur endroit toutes ses tendresses de Mère; et son crédit est grand toujours près de l’Epoux. Elle fait donc sienne leur prière; ouvrant le trésor qui lui vient de la surabondante rédemption du Seigneur, elle offre de son fonds dotal à Celui-là même qui le lui a constitué, en échange de la délivrance de ces âmes ou de l’allégement de leurs peines: et ainsi arrive-t-il que, sans léser nuls droits, la miséricorde entre et déborde en ces abîmes où régnait seule l’inexorable justice.
ANT. SI iniquitates * observaveris, Domine: Domine, quis sustinebit?
ANT. SEIGNEUR, si vous considérez nos iniquités; Seigneur, qui soutiendra votre jugement?
PSAUME CXXIX.
DE profundis clamavi ad te, Domine: * Domine, exaudi vocem meam:
Fiant aures tuæ intendentes, * in vocem deprecationis meæ.
Si iniquitates observaveris, Domine: * Domine, quis sustinebit?
Quia apud te propitiatio est: * et propter legem tuam sustinui te, Domine.
Sustinuit anima mea in verbo ejus: * speravit anima mea in Domino.
A custodia matutina usque ad noctem: * speret Israël in Domino.
Quia apud Dominum misericordia: * et copiosa apud eum redemptio.
Et ipse redimet Israël, * ex omnibus iniquitatibus ejus.
Requiem æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis.
DE l’abîme j’ai crié vers vous, Seigneur; Seigneur, écoutez ma voix.
Que vos oreilles soient attentives au cri de ma prière.
Seigneur, si vous considérez nos iniquités; Seigneur, qui soutiendra votre jugement?
Mais la miséricorde est en vous; à cause de votre parole, je vous attends, Seigneur.
Mon âme se soutient par vos oracles ; mon âme espère dans le Seigneur.
Du matin à la nuit, qu’Israël espère dans le Seigneur.
Car dans le Seigneur est la miséricorde, et sa rédemption est surabondante.
Et il rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Si iniquitates * observaveris, Domine: Domine, quis sustinebit?
ANT. Seigneur, si vous considérez nos iniquités; Seigneur, qui soutiendra votre jugement?
Je vous louerai, car vous m’avez exaucée. L’Eglise ne prie jamais en vain. Le dernier Psaume dit sa reconnaissance, et celle des âmes que l’Office qui va finir aura tirées de l’abîme ou rapprochées des cieux. Grâce à lui, plus d’une qui, ce matin encore, était retenue captive, fait son entrée dans la lumière au crépuscule de cette touchante fête delà Toussaint, dont s’accroissent ainsi au dernier moment les joies et la gloire. Suivons du cœur et de la pensée les nouvelles élues; en nous souriant, en nous remerciant, nous leurs frères ou leurs fils, elles s’élèvent radieuses de la région des ombres, et elles chantent: Seigneur, je vous glorifierai en la présence des Anges; j’adorerai donc en votre saint temple! Non; le Seigneur ne méprise pas les œuvres de ses mains.
ANT. OPERA * manuum tuarum, Domine, ne despicias.
ANT. SEIGNEUR, ne méprisez pas les œuvres de vos mains.
PSAUME CXXXVII.
CONFITEBOR tibi, Domine, in toto corde meo: * quoniam audisti verba oris mei.
In conspectu Angelorum psallam tibi: * adorabo ad templum sanctum tuum, et confitebor nomini tuo.
Super misericordia tua, et veritate tua: * quoniam magnificasti super omne, nomen sanctum tuum.
In quacumque die invocavero te, exaudi me: * multiplicabis in anima mea virtutem.
Confiteantur tibi, Domine, omnes reges terræ: * quia audierunt omnia verba oris tui:
Et cantent in viis Domini: * quoniam magna est gloria Domini.
Quoniam excelsus Dominus, et humilia respicit: * et alta a longe cognoscit.
Si ambulavero in medio tribulationis, vivificabis me: * et super iram inimicorum meorum extendisti manum tuam, et salvum me fecit dextera tua.
Dominus retribuet pro me: * Domine, misericordia tua in sæculum: opera manuum tuarum ne despicias.
Requiem æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis.
JE vous louerai, Seigneur, de tout mon cœur, parce que vous avez écouté les paroles de ma bouche.
Je chanterai votre gloire en présence des Anges, j’adorerai dans votre saint temple, je louerai votre nom.
J’exalterai votre miséricorde et votre vérité: oui; vous avez rendu magnifique plus que tout votre saint nom.
En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi; ainsi dilaterez-vous la vigueur de mon âme.
Soyez, Seigneur, célébré par tous les rois de la terre: toutes les paroles qu’ils entendirent de votre bouche, ils les ont vues réalisées.
Qu’ils chantent donc les voies du Seigneur ; car grande est la gloire du Seigneur.
Car le Seigneur, si haut qu’il soit, regarde les humbles; mais il ne connaît que de loin les superbes.
Si je marche au milieu de la tribulation, vous soutiendrez ma vie; ainsi contre la colère de mes ennemis avez-vous étendu votre droite; ainsi m’avez-vous sauvé.
Le Seigneur sera mon vengeur: Seigneur, votre miséricorde est à jamais; ne méprisez pas les œuvres de vos mains.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Opera * manuum tuarum, Domine, ne despicias.
ANT. Seigneur, ne méprisez pas les oeuvres de vos mains.
Et voici que du ciel, en effet, nous arrive comme de la part des chères libérées une parole authentique de bonheur (5).
V). Audivi vocem de cœlo dicentem mihi.
R). Beati mortui qui in Domino moriuntur.
V). J’ai entendu une voix venant du ciel, qui me disait:
R). Bienheureux ceux qui meurent dans le Seigneur.
Or toute cette admirable suite du drame liturgique ainsi déroulé sous nos yeux, qu’est-elle autre chose que la justification de la promesse du Sauveur (6), rappelée en l’Antienne qui suit par l’Eglise?
ANTIENNE DE Magnificat
OMNE * quod dat mihi Pater, ad me veniet; et eum qui venit ad me, non ejiciam foras.
TOUT ce que me donne mon Père viendra a moi; et celui qui vient à moi, je ne le repousserai point dehors.
Mais comme toute grâce de Jésus nous vient en ce monde par Marie, par elle encore, au delà de cette vie mortelle, s’opère toute délivrance et s’obtient tout bienfait. Où que s’étende la rédemption du Fils, s’exerce l’empire de la Mère. Aussi les visions des Saints nous la montrent véritablement Reine au purgatoire; qu’elle s’y fasse représenter bénignement par les Anges de sa cour, ou daigne elle-même, pénétrant sous les sombres voûtes (7) comme l’aurore du jour éternel, y répandre abondante la rosée du matin. Est-ce que la neige du Liban, dit l’Esprit-Saint, manquera jamais à la pierre du désert? et qui donc en empêchera les fraîches eaux d’aller à la vallée (8)? Comprenons donc le chant du Magnificat à l’Office des défunts: il est l’hommage des âmes qui abordent les cieux; il est le doux espoir de celles qui demeurent encore au séjour d’expiation.
CANTIQUE DE MARIE.
MAGNIFICAT * anima mea Dominum.
Et exsultavit spiritus meus: * in Deo, salutari meo.
Quia respexit humilitatem ancillæ suæ: * ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.
Quia fecit mihi magna, qui potens est: * et sanctum nomen ejus.
Et misericordia ejus, a progenie in progenies: * timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo: * dispersit superbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede: * et exaltavit humiles.
Esurientes implevit bonis: * et divites dimisit inanes.
Suscepit Israël puerum suum: * recordatus misericordiæ suæ.
Sicut locutus est ad patres nostros: * Abraham, et semini ejus in sæcula.
Requiem æternam * dona eis, Domine.
Et lux perpetua * luceat eis..
MON âme glorifie le Seigneur; Et mon esprit tressaille en Dieu mon Sauveur:
Car il a regardé la bassesse de sa servante; et pour cela, toutes les nations m’appelleront Bienheureuse.
Il a fait en moi de grandes choses, celui qui est puissant et de qui le Nom est saint;
Et sa miséricorde s’étend de génération en génération, sur ceux qui le craignent.
Il a opéré puissamment par son bras, et dispersé ceux qui suivaient les orgueilleuses pensées de leur cœur.
Il a mis à bas de leur trône les puissants, et il a élevé les humbles.
Il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et renvoyé vides ceux qui étaient riches.
Il a reçu en sa protection Israël son serviteur, se souvenant de la miséricordieuse promesse
Qu’il fit autrefois à nos pères, à Abraham et à sa postérité pour jamais.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
Que luise pour eux la lumière sans fin.
ANT. Omne * quod dat mihi Pater, ad me veniet; et eum qui venit ad me, non ejiciam foras.
ANT. Tout ce que me donne mon Père viendra à moi; et celui qui vient à moi, je ne le repousserai point dehors.
Le Prêtre commence, toute l’assemblée à genoux, l’Oraison Dominicale:
PATER noster.
NOTRE Père.
Le reste se continue dans le silence, jusqu’à cette conclusion que suivent les Versets et l’Oraison terminant les Vêpres des morts:
V). Et ne nos inducas in tentationem:
R). Sed libera nos a malo.
V). Et ne nous laissez pas succombera la tentation.
R). Mais délivrez-nous du mal.
V). A porta inferi.
R). Erue, Domine, animas eorum.
V). Requiescant in pace.
R). Amen.
V). Domine, exaudi orationem meam.
R). Et clamor meus ad te veniat.
V). De la porte de l’enfer,
R). Seigneur, délivrez leurs âmes.
V). Qu’ils reposent en paix.
R). Amen.
V). Seigneur, exaucez ma prière;
R). Et que mon cri parvienne jusqu’à vous.
V). Dominus vobiscum.
R). Et sum spiritu tuo.
V). Le Seigneur soit avec vous.
R). Et avec votre esprit.
ORAISON.
FIDELIUM, Deus, omnium Conditor et Redemptor, animabus famulorum famularumque tuarum remissionem cunctorum tribue peccatorum: ut indulgentiam, quam semper optaverunt, piis supplicationibus consequantur: Qui vivis et regnas cum Deo Patre, in unitate Spiritus Sancti, Deus, per omnia sæcula sæculorum.
R). Amen.
V). Requiem æternam dona eis Domine.
R). Et lux perpetua luceat eis.
V). Requiescant in pace.
R). Amen.
O Dieu Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez la remise de tous leurs péchés aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes, afin que soit acquise à leurs pieuses supplications l’indulgence qu’ils ont toujours désirée. Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprit, Dieu vous-même, durant tous les siècles des siècles.
R). Amen.
V). Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel;
R). Que luise pour eux la lumière sans fin.
V). Qu’ils reposent en paix.
R). Amen.
OFFRONS à Notre-Dame la supplique touchante que plusieurs Eglises lui adressèrent longtemps pour les morts Elle date du xive siècle; Jean IV de Langoueznou, Abbé de Landevenec, son auteur, en puisa l’inspiration dans sa tendre piété pour Marie.
PROSE.
LANGUENTIBUS in purgatorio,
Qui purgantur ardore nimio,
Et torquentur gravi supplicio,
Subveniat tua compassio:
O Maria!
Fons es patens qui culpas abluis,
Omnes juvas et nullum respuis:
Manum tuam extende mortuis,
Qui sub pœnis languent continuis:
O Maria!
Ad te pie suspirant mortui,
Cupientes de pœnis erui,
Et adesse tuo conspectui,
Æternisque gaudiid perfrui:
O Maria!
Gementibus Mater accelera,
Pietatis ostende viscera:
Illos Jesus per sua vulnera
Ut sanare dignetur impetra:
O Maria!
Tu vera spes ad te clamantium:
Ad te clamat turba sodalium,
Pro fratribus ut places Filium,
Et cœleste det eis præmium:
O Maria!
Fac lacrymæ quas bona respicis,
Quas fundimus ad pedes Judicis,
Mox exstinguant vim flammæ vindicis,
Ut jungantur choris angelicis:
O Maria!
Et cum fiet stricta discussio,
In tremendo Dei judicio,
Judicanti supplica Filio,
Ut cum Sanctis sit nobis portio:
O Maria!
Amen.
A CEUX qui souffrent en purgatoire, que purifie la flamme ardente et qui subissent tourments si durs: daigne votre compassion subvenir, ô Marie!
Fontaine ouverte à tous, où s’effacent les péchés, vous secourez chacun, n’éconduisez personne: vers les morts qui gémissent en leurs supplices sans trêve, étendez votre main, ô Marie!
Vers vous pieusement soupirent les trépassés, en leur désir de voir finir leurs maux, pour contempler vos traits si doux et goûter près de vous les joies éternelles, ô Marie!
Accourez, Mère, à leurs gémissements; ayez pour eux des entrailles de pitié: obtenez de Jésus que par ses blessures il daigne les guérir, ô Marie!
Vous êtes de ceux qui crient vers vous la véritable espérance: entendez les voix nombreuses qui vous supplient d’apaiser votre Fils, d’en obtenir la récompense céleste pour leurs amis et leurs frères, ô Marie!
Toute bonne, voyez aux pieds du Juge couler nos larmes: puissent-elles par vous bientôt éteindre l’ardeur de la flamme vengeresse qui les empêche de s’unir aux chœurs angélique, ô Marie!
Et lorsque se fera le sévère examen au terrible jugement de Dieu, implorez votre Fils qui sera notre Juge, pour qu’avec les Saints soit notre partage, ô Marie!
Amen.
CETTE journée est véritablement grande et belle. La terre, placée entre Je purgatoire et le ciel, a rapproché les deux. L’auguste mystère de la communion des saints se révèle dans son ampleur. L’immense famille des fils de Dieu nous apparaît, une par l’amour, distincte en ses trois états de félicité, d’épreuve, d’expiation purifiante: expiation qui, comme l’épreuve, n’aura qu’un temps; félicité qui durera toujours. C’est le digne couronnement des enseignements du Cycle entier. Chacun des jours de l’Octave qui va suivre accroîtra la lumière.
Cependant, toute âme se recueille à cette heure dans le culte des plus chers, des plus nobles souvenirs. En quittant la maison de Dieu, gardons pieusement à qui de droit notre pensée. C’est la fête de nos morts bien-aimés. Prêtons l’oreille à leur voix qui, de clochers en clochers, par tout le monde chrétien, se fait si suppliante et si douce aux premières heures de cette nuit de novembre. Ce soir ou demain, nous leur devons la visite de la tombe où reposent dans la paix leurs restes mortels. Prions pour eux; et aussi, prions-les: ne craignons pas de leur parler toujours des intérêts qui leur furent chers devant Dieu. Car Dieu les aime, et par une sorte de satisfaction donnée à sa bonté, les écoute d’autant mieux pour autrui, que sa justice les maintient dans un état d’impuissance plus absolue en ce qui les concerne.
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(1) Canon Missae.
(2) Sap. IX, 15.
(3) Psalm. LXXXIV, 11.
(4) JOHAN. V.
(5) Apoc. XIV, 13.
(6) Johan. VI, 37.
(7) Eccli. XXIV, 8.
(8) Jerem. XVIII. 14.
Cfr. P. GUÉRANGER, L’Année liturgique, VI. Le temps apres la Pentecôte, 6. Prope des Saints du Ier au XXX Novembre. La Toussaint. Les Morts. La Dedicace9, Tours, Mame, 1922, pp. 104-120.